C'est une affaire comme il en existe peu. Une affaire qui, près d'un siècle après, connaît encore de nombreuses zones d'ombres.
Le 25 mai 1923, Guillaume Seznec et Pierre Quéméneur, deux notables bretons, quittent Rennes pour Paris. Mais Pierre Quéméneur n'est jamais revenu. En novembre 1924, au terme de huit jours de procès, Guillaume Seznec est condamné aux travaux forcés à perpétuité, et part pour la Guyane. Il ne rentrera en France qu'en 1947.
Une culpabilité évidente ?
Premier mystère de cette affaire : Pierre Quéméneur a-t-il vraiment été tué ? Est-il seulement mort ? Personne n'a jamais retrouvé de corps.
En revanche, on a retrouvé sa valise, tâchée de sang, à la gare du Havre. Valise qui contenait les papiers du disparu, ainsi qu'une promesse de vente d'une propriété appartenant à Quéméneur au profit de Seznec.
Deuxième interrogation : pourquoi Guillaume Seznec dit-il avoir laissé Quéméneur à la gare de Dreux, avant de revenir sur cette affirmation ? Les nombreuses contradictions dans ses dépositions ont alors fait de lui un coupable évident.
Le mystérieux 13 juin 1923
Ce jour là, un télégramme est envoyé du Havre à la famille Quéméneur : « Ne rentrerai Landerneau que dans quelques jours tout va pour le mieux - Quéméneur ». Ce télégramme a-t-il été signé par Quéméneur lui-même ?
Plus étrange encore, plusieurs témoins disent avoir vu Seznec au Havre ce jour-là. Il aurait acheté une machine à écrire, celle que les policiers soupçonnent avoir servi à rédiger la fameuse fausse promesse de vente.
D'autres en revanche affirment avoir vu Seznec à Paris, ce même 13 juin 1923, et d'autres encore disent qu'il était chez lui, en Bretagne.
La piste de la machination policière
Le 6 juillet, les policiers arrivent pour perquisitionner la scierie de Guillaume Seznec. Ils y trouvent une machine à écrire, cachée. Celle qui aurait été achetée au Havre, quelques semaines plus tôt.
Or, la fille de Seznec est affirmative : ni leur père, ni leur mère n'était présents lors de la perquisition. Le jeune fils de Seznec, Albert, aurait même affirmé que les policiers -notamment l'inspecteur stagiaire Pierre Bonny - avaient eux-même placé la machine à cet endroit. Mais il n'a jamais été cru, ni entendu lors du procès.
Une certaine idée de la justice
Frédéric Pottecher, comme à son habitude, ne fait pas que commenter les faits. Il juge aussi. À une époque où les journalistes pouvaient encore se permettre de donner leur avis au public.
« Certes, il y a des faits », énonce-t-il. « Mais cela apporte-t-il suffisamment de certitudes ? Cela suffit-il pour condamner un homme au bagne à perpétuité ? »
La conclusion de Frédéric Pottecher tombe comme un couperet.
Depuis l'affaire, quatorze demandes de réhabilitation ont été déposées, la dernière en 2006. Elles ont toutes été refusées.
Il existe aujourd'hui une « loi Seznec », loi du 23 juin 1989, obtenue par le petit-fils de Guillaume, Denis Seznec. Elle permet de faciliter la procédure de révision d'un procès criminel.
« Certes, il y a des faits », énonce-t-il. « Mais cela apporte-t-il suffisamment de certitudes ? Cela suffit-il pour condamner un homme au bagne à perpétuité ? »
La conclusion de Frédéric Pottecher tombe comme un couperet.
« Est-ce vraiment l'idée que vous vous faites de la justice ? »
Depuis l'affaire, quatorze demandes de réhabilitation ont été déposées, la dernière en 2006. Elles ont toutes été refusées.
Il existe aujourd'hui une « loi Seznec », loi du 23 juin 1989, obtenue par le petit-fils de Guillaume, Denis Seznec. Elle permet de faciliter la procédure de révision d'un procès criminel.
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