...sauf lorsqu'à l'apogée de leur bonheur, ils meurent d'une balle dans la tête.
Et c'est là le centre de l'intrigue des Morts de la Saint-Jean de l'écrivain suédois Henning Mankell.
Un tueur fou s'en prend à un groupe de jeunes gens. À un couple de jeunes mariés. Des personnes qui, a priori, n'ont aucun lien entre eux.
Wallander connaît ici l'une de ses plus difficiles enquêtes.
Enquête et règlements de comptes
Une enquête d'autant plus difficile que Svedberg, collègue et ami de Wallander, est retrouvé mort chez lui, tué à coups de carabine et atrocement mutilé.
Pas besoin d'attendre très longtemps avant de découvrir que ces deux affaires sont liées. Que Svedberg avait trouvé l'identité du tueur, et que cette découverte lui a coûté la vie.
Au milieu des mises en scènes macabres, on prend un immense plaisir à retrouver Wallander, et son petit univers de Scanie.
L'homme n'est pas au meilleur de sa forme, il se découvre malade. Ses amis veulent quitter la Suède, et lui ne cesse de déchanter face à la société dans laquelle il vit.
« L’espace d’un instant Wallander éprouva une gigantesque amertume. Il avait été policier toute sa vie. Il pensait avoir contribué à protéger ses concitoyens. Mais tout avait empiré autour de lui. La violence avait augmenté. La Suède était devenue un pays où les portes fermées devenaient de plus en plus nombreuses. Parfois, il pensait à son trousseau de clés. D’année en année, le nombre de clé augmentait. De plus en plus de serrures, de plus en plus de codes d’accès. Et au milieu de toutes ces clés, une nouvelle société émergeait, à laquelle il se sentait de plus en plus étranger. »
La décadence de la Suède, une rengaine que l'on retrouvera dans les autres romans d'Henning Mankell, tout comme l'amertume de Wallander, et sa volonté de changer de vie.
Une plume acérée
L'art d'Henning Mankell, c'est aussi celui d'emmener son lecteur dans deux univers : celui de Wallander, où les habitués de la saga ont déjà leurs repères, mais aussi celui du tueur, qui reste perpétuellement anonyme.
Une intrigue complexe mais une écriture fluide, une trame recherchée mais loin d'être cousue de fil blanc : ce roman est, selon moi, l'un des meilleurs que j'aie pu lire de Henning Mankell.
Voir un extrait de l'adaptation Morts de la Saint-Jean par Philip Martin, avec Kenneth Brannagh dans le rôle de Wallander.