jeudi 25 avril 2013

La naissance des "experts"


Le 25 avril 1953, deux jeunes chercheurs, Francis Crick et James Watson, faisaient une découverte révolutionnaire : ils mettaient en lumière la structure de l'ADN.

Depuis, la possibilité d'établir des empreintes génétiques (et non génitales, n'en déplaise à Brice Hortefeux) a changé considérablement la manière de conduire les enquêtes. C'est en 1986 que, pour la première fois, le généticien britannique Alec Jeffreys met au point la technique des empreintes génétiques.

Photo : © Direction générale de la police judiciaire

Petit tour d'horizon de quelques affaires célèbres résolues grâce à l'ADN :

  • L'affaire Colin Pitchfork


En novembre 1983, à Narborough, au centre de l'Angleterre, lle corps de la jeune Lynda Mann, 15 ans, est retrouvé près d'un hôpital psychiatrique. Elle a été violée et étranglée ; ses vêtements portent des tâches de sperme.

C'est en 1987 que le coupable est retrouvé, dénoncé par un collègue de travail. Le suspect s'appelle Colin Pitchfork, c'est un jeune boulanger de 27 ans. Les policiers font un prélèvement sanguin, et le comparent à l'ADN retrouvé sur le corps de Lynda Mann. Les empreintes correspondent.

Pour la première fois, l'ADN a permis d'arrêter un coupable.

  • L'affaire Gary Doston


Gary Dotson a été le premier suspect dans une affaire innocenté grâce aux tests ADN.

En 1977, une jeune fille de 16 ans, Cathleen Crowell, est retrouvée par un policier dans le quartier de Homewood, à Chicago, où elle vit. Ses vêtements sont sales et en désordre. Elle pleure, et raconte au policier que sur le parking du Mall, trois jeunes hommes en voiture l'ont enlevée, violée, et mutilée avec un tesson de bouteille.

À l'hôpital, elle dénonce Gary Dotson, qu'elle dit formellement reconnaître d'après un portrait-robot de la police. En 1979, le tribunal condamne Gary Dotson.

Mais en août 1988, les tests ADN disculpent Gary Dotson. Il est officiellement réhabilité en 2002 par les autorités de l'Illinois.

  • L'affaire Caroline Dickinson


En juillet 1996, des collégiens britanniques viennent en visite en Ille-et-Vilaine, à Pleine-Fougères.
La nuit, alors que les élèves dorment, un homme pénètrent dans leur dortoir. Il viole Caroline Dickinson, 13 ans, et l'étouffe avec un oreiller.

Lors des investigations, une trace de sperme est relevée sur la cuisse de la jeune fille. Elle permet d'établir une empreinte génétique. Les policiers interrogent les jeunes filles, qui disent avoir vu un homme roder près de l'auberge. Les recherches se concentrent sur un homme : Francisco Arce Montes, un routier espagnol d'une cinquantaine d'années.

Arce Montes a déjà été condamné en Allemagne pour des affaires de viols sur mineures dans des établissements de jeunesse, et est également recherché aux Pays-Bas pour attouchements sexuels. Mais il est introuvable.

C'est un agent de la police de l'immigration des États-Unis qui le repère. Des analyses sont effectuées : les empreintes correspondent à 99,9 %. Arce Montes est jugé en 2004, puis en appel en 2005 : il a été condamné à 30 ans de prison, dont 20 ans de sûreté.

  • L'affaire Courjault


En 2006, Jean-Louis Courjault découvre, dans un congélateur de son appartement de Séoul, deux corps de nouveaux-nés congelés.

Lui et sa femme affirment ne pas comprendre. Ils le soutiennent : ils ne sont pas les parents de ces enfants. Mais quelques jours plus tard, les tests ADN effectués par la police sud-coréenne prouvent le lien de filiation.

Le 22 août 2006, Véronique et Jean-Louis tiennent une conférence de presse, où ils contestent ces tests ADN.

De nouveaux tests sont réalisés en France, qui confirment les précédents. Véronique Courjault avoue alors les meurtres, plus un troisième infanticide.

  • L'affaire Pierre Bodein, dit « Pierrot le fou »


En juin 2004, Pierre Bodein, un braqueur, violeur et assassin multirécidiviste est condamné à perpétuité pour trois meurtres commis dans le Bas-Rhin. Ceux de Jeanne-Marie Kegelin, 10 ans, Julie Scharsch, 14 ans et Hedwige Vallée, 38 ans.

Malgré ses dénégations, son ADN a permis de le confondre. 

mercredi 24 avril 2013

La Vologne garde encore ses mystères


Grégory Villemin a été assassiné en 1984. Photo AFP

J'avais vraiment envie d'y croire. La semaine dernière, Le Parisien annonçait de nouvelles analyses ADN sur les vêtements et les cordelettes qui avaient servi à entraver le petit Grégory. Presque trente ans après ce meurtre, on attend, encore et toujours, qu'il soit élucidé.

Certes, il était difficile de s'attendre à des révélations fracassantes. Mais cet après-midi, à 15h30, le couperet est définitivement tombé : « pas assez d'éléments » pour pouvoir identifier un profil en particulier. Les traces sont « difficilement exploitables », a affirmé le procureur de la République de Dijon, Jean-Marie Beney, lors d'une conférence de presse.

De déception en déception


Les enregistrements de la voix du corbeau ont aussi été expertisés. De ce côté là, aucun élément nouveau non plus, si ce n'est la mise en lumière d'un locuteur masculin, et d'un autre féminin.

Trente ans, six juges d'instruction, deux inculpés, un assassinat et une mère lynchée par l'opinion publique. Et une enquête qui piétine, encore et toujours.

Après avoir lu le livre de Laurence Lacour, Le Bûcher des innocents, je me suis fait ma propre opinion sur cette affaire. Je suis impatiente connaître un jour la vérité. Le dossier reste ouvert. On peut donc croire à une chance – si infime soit elle - de voir un jour l'une des affaires les plus médiatiques du XXe siècle enfin élucidée.

dimanche 14 avril 2013

« Faites entrer l'innocent »

« Faites entrer l'accusé ». L'émission de Christophe Hondelatte – aujourd'hui reprise par Frédérique Lantieri - est culte pour tous les amateurs de faits-divers. 

La parodie de l'émission "Faites entrer l'accusé" par les Guignols de l'info
Elle a été imitée de nombreuses fois, notamment par Yves Rénier et ses Affaires Criminelles, sur NT1.

Imitée, mais aussi parodiée. On connaît depuis quelques temps le célèbre « Fesez entrer celui-là qui est coupable » de l'humoriste Nicolas Canteloup.

Vendredi, ce sont les Guignols de l'Info qui ont créé une très bonne parodie, « Faites entrer l'innocent », présentée par Manuel Valls.

Voir la vidéo à partir de 2'50 : 



Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo

vendredi 12 avril 2013

Petit meurtre entre amis

Hier soir, pour la deuxième fois de ma vie – après les caves du Star- j'ai approché une scène de crime.

J'étais invitée, avec d'autres amis, chez mon ami R., chez qui j'allais pour la première fois. 


Assassinat avenue Marx Dormoy, Clermont-Fd. Photo : Julie L.
C'est quand j'ai vu les scellés sur la porte du rez-de-chaussée que j'ai fait le lien avec ce fait-divers survenu à Clermont-Ferrand le mois dernier. 

« Dis, R., le type qui s'est fait descendre il y a un mois, c'était dans ton immeuble ? 
- Oui, c'était mon voisin du dessous, tu ne savais pas ? 
- Non mais attends... Ton voisin du dessous s'est fait tuer... T'étais chez toi ? T'as entendu des trucs ? Mais raconte ! 
- Mais je l'ai déjà raconté cent fois... » 

J'insiste, je suis tout excitée. Finalement, après quelques verres d'un très bon Saint-Émilion, j'arrive à lui soutirer quelques informations supplémentaires. 


« Mais alors, t'as entendu ou vu quelque chose ? 
- J'ai entendu des claquements de porte. 3 ou 4. Puis du bruit, pas mal de bruit. 
- Et ? 
- Et rien ! Qu'est-ce que tu voulais que je fasse ? Je suis resté chez moi. »

Trop tard, ma curiosité est bien trop attisée pour m'arrêter là.

« Mais... t'es pas sorti voir ? - Si, à un moment. Je voulais aller faire des courses. Mais j'ai pas pu sortir de chez moi car ils étaient en train d'évacuer le corps. Ça m'a énervé.- Trop génial ! »

Il se donne l'air complètement exaspéré. Mais je suis sûr qu'au fond, il est aussi intrigué que moi par cette histoire. On a tous cette propension pour les faits-divers un peu glauques, surtout quand ça se passe près de chez nous. En journalisme, on appelle ça la « loi du mort kilométrique ».

Bruno Exbrayat, 47 ans, a été assassiné par balles chez lui. Photo : Julie L.

Puis il confirme tout ce que j'ai pu lire dans La Montagne, le lendemain du meurtre. 
« C'est vrai qu'il était bizarre. Ses volets étaient toujours fermés, il ne sortait jamais. En tous cas, on ne le voyait jamais. Il paraît qu'il a trempé dans des trafics par très nets, ça ne m'étonne pas. »
Voilà comment un repas entre amis s'est transformé en soirée « Petit meurtre », où on a tous eu en tête, pendant toute la soirée, le fameux « tou dum, tou duuuuum. Tou dum, tou duuuuum » et l'image de Christophe Hondelatte qui enfile son blouson de cuir avant de partir dans la nuit.